Cristaux de clinique :
Il n’y a plus de clinique. Que des débris d’un big bang dérivant dans l’infini des normes et des idéaux. Dans cet espace illimité nous rencontrons des paroles singulières qui sont des cristaux magiques : dans un gemme, nous lisons une vie toute entière. Et c’est avec cela que nous bricolons des montages incertains dont nous espérons la fortune avec ceux qui nous accordent leur confiance.
Figé par son regard
Il a coincé son téléphone sous sa joue et a continué à s’occuper de ses médicaments pendant qu’il lui parle. Mais ô surprise, le geste s’est fait preste, délicat, allégé d’on ne sait quelle pesanteur et du soupçon de quelque organicité que ce soit.
escabeau.online
Le temps était venu, lorsqu’au détour d’une nouvelle séance de notre atelier d’expression, nous était apparu qu’un mot manquait dans la langue française…
Remplir le vide ou vider un trop-plein ?
A 47 ans d'une vie qu'il décrit comme une "errance professionnelle" mêlée de "défonce à l'alcool", il a presque tout perdu, et s'estime au bord de la clochardisation. Il ne voit plus ses enfants ou presque. Il peine à continuer son travail car il ne peut réfréner des...
Des pressions
Il faut que je me force. Non ?
Mon œuvre n’a rien à voir avec moi
Mon œuvre n’a rien à voir avec moi.
Une addiction peut en cacher une autre… Ou un réel.
C’est depuis deux entretiens seulement que je trouve un intérêt à parler de moi
Addict à l’abstinence
Les consommations dans un groupe : « quel est le comportement à adopter, que ce soit de la part des résidents qui en parlent et de ceux qui entendent ? »
Comment ça vous me mettez dehors ?
Il ne s’agit ni de protéger excessivement les usagers en prévenant tout écart, ni de les laisser être sans rien dire.
La passion et les drogues
Alors c’est la passion et il s’abîme dans l’idée que, n’étant pas tout, il est minable, un raté : moins que rien.
Monsieur « petit plus »
Il demande souvent un petit plus, un peu de passe droit, une exception, un traitement de faveur au CSAPA…
Un début dans la vie
Les NA ? Je leur dois la vie.
Celui qui ne voulait pas venir…
Je cherche à saisir ce qu’ils ont fait de cette obligation de soins, en m’intéressant à peine, initialement, à qui ils sont en dehors de ce problème qui les amène.
Rien sur ma mère
Mais il a entendu son éducatrice référente lui parler, « de sa voix douce »…
Après les « attends-toi »
« -fais bien attention, regarde toujours autour de toi. »
anonyme perdu, Anonyme retrouvé
… j’avais fait une super lettre de motivation. Ils ont du voir que j’étais pas motivé.
Un être cohérent
Cette passion de la cohérence, c’est cela même le nom de sa forme de folie…
La bouteille, maîtresse du pion
La bouteille c’est ma maitresse, ma confidente, ma psy.
« Son produit » donc figurant de sa vie…
…et parasite.
Il est sorti chercher le pain… et il a invalidé les critères de Goodman
Ce pauvre hère, recueilli au CTR, abandonné de tous et de lui-même surtout, savait-t-il qu’il jetterait ce jour là un sacré pavé dans une certaine marre ?
Mauvais état civil
Faute d’avoir un inconscient, il a recours aux drogues pour ne pas penser ce qu’il est : difficile survivant d’une série de fausses couches.
Pour lui, le réel ne dort pas
Mais dans sa vie s’accomplit, à son insu, son destin d’objet déchet qu’aucun travail n’a pu enrayer. Pour lui, le réel ne dort pas.
Je n’apprends pas du passé
Il le sait, mais il le fait quand même.
Addict à la tourmente
« Bien sûr je n’attaquerai jamais une petite vieille. Mais une banque ou un supermarché… »
Huit ans que j’ai arrêté
Ces quelques phrases reproduites le plus fidèlement possible dans l’urgence absolue après un entretien avec un patient du CSAPA, valent, selon nous, mille fois mieux qu’un long traité d’addictologie universitaire. Mais à chacun ses goûts…
Envol d’un canard (boiteux)
Ce qu’on ne peut atteindre en boitant, il faut, comme l’atteste ce sujet, l’atteindre en volant.
Vital Balint
« Ce n’est pas ce que j’attends du médicament »
Les poches pleines
« Je n’ai rien ! »
Aspiré par la rue
« Je ne pensais pas un jour me reciviliser »
L’horreur de la coupure
Lorsqu’il rencontre une discontinuité, il tombe dedans.
Je vais faire toutes les pharmacies pour trouver le vaccin
» – La pharmacie n’a pas le vaccin… »
Qui vais-je être dans l’appartement ?
Son emploi du temps rivalise déjà avec celui d’un ministre et il se demande qui il sera lorsqu’il sera dans cet appartement dont le voisinage sait que c’est un ATR.
Point de chute
« – Est-ce que je suis rayé de l’association? »
Ma mère n’a rien ressenti
J’écoutais toujours sa voix…
Moi le médicament je parle
Je ne lui fais plus confiance…
Il s’est absenté et ne fait plus de séances qu’au téléphone
Et dans le bureau d’à-côté, il y a ce psychologue qui fait des TCC et sa patiente qui ne vient pas.
Surmoi
J’ai arrêté de me dire ça et puis voilà : je fume plus, je bois plus !
L’un, l’autre
L’un est souriant, l’autre est désagréable.
Allocation
« – 800€ comme ça, à l’oeil ! »
Pas de crédit
« – Payer mes vitamines? Ah non ! Ils ont pas le droit ! «
Boomerang
Il construit les boomerangs lui-même et fait des compétitions…
Pas question de mettre ça dans mon corps !
Plus de tabac, pas d’argent. Des patchs à la nicotine ?
Abstinente de tristesse
Elle prend des drogues, stimulantes grâce auxquelles elle se déconnecte d’elle-même.
Dénégation
Elle a toujours pensé qu’il ferait « des conneries ».
Il ne l’a pas déçue.
Quand il la visite à-partir du CTR, il boit à nouveau : « j’avais peur d’elle ».
Une dépendance peut en cacher une autre
…je sais pas pourquoi, j’ai peur de laisser ma maman toute seule.
« Je n’avais rien à faire sur cette terre »
Il a compris qu’il voulait se dissoudre comme produit du pacte atypique dont il était issu.
Libre comme une chute
Je veux me passer de la faim comme je l’ai fait avec le tabac.
Dans la peau
« Non, je ne fais plus de rêves de consommation : le dernier n’avait rien à voir : j’étais mordu par un crotale qui m’injectait du venin… »
Sevrer ? Qui ?
« – Votre fils sevré au CTR, comment ça se passe pour vous ?
« – Je ne suis pas en manque…
« L’identité structurale frappante entre les phénomènes élémentaires du délire et son organisation générale impose la référence analogique au type de morphogenèse matérialisé par la plante. » Lacan, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, 1932, Le Seuil, 1975, p. 297.
« Les phénomènes élémentaires ne sont pas plus élémentaires que ce qui est sous-jacent à l’ensemble de la construction du délire. Ils sont élémentaires comme l’est, par rapport à une plante, la feuille où se verra un certain détail de la façon dont s’imbriquent et s’insèrent les nervures – il y a quelque chose de commun à toute la plante qui se reproduit dans certaines des formes qui composent sa totalité. De même, des structures analogues se retrouvent au niveau de la composition, de la motivation, de la thématisation du délire, et au niveau du phénomène élémentaire. Autrement dit, c’est toujours la même force structurante, si l’on peut s’exprimer ainsi, qui est à l’œuvre dans le délire, qu’on le considère dans une de ses parties ou dans sa totalité. L’important du phénomène élémentaire n’est donc pas d’être un noyau initial, un point parasitaire, comme s’exprimait Clérambault, à l’intérieur de la personnalité, autour duquel se ferait une construction, une réaction fibreuse destinée à l’enkyster en l’enveloppant, et en même temps à l’intégrer, c’est-à-dire à l’expliquer, comme on dit souvent. » Lacan, Séminaire III, Les psychoses, leçon du 23 novembre 1953, Le Seuil, 1981.
« Le psychotique franc, comme le normal, sont des variations – qu’est-ce qu’on va dire ? – de la situation humaine, de notre position de parlant dans l’être, de l’existence du parlêtre. L’avantage de ce point de vue, on le connaît, et Lacan l’a exploité. Il a surtout beaucoup d’avantages pour traiter la névrose. C’est établir un certain « tous égaux », tous égaux devant la condition humaine. Le psychotique n’est pas une exception, et le normal n’en est pas une non plus. » Jacques-Alain Miller, « La psychose ordinaire, La Convention d’Antibes », Agalma – Le Seuil, 2005.