Conversation sur la nostalgie et la pulsion de mort avec Marco Androsiglio, le 17 mars 2024

Le crépuscule des idéaux oriente le regard vers le passé, comme un temps mythique où l’homme avait une boussole. Les discours nostalgiques, la connaissance des religions, le recours à « l’homme fort » comme en Argentine, aux États-Unis, en Angleterre, en Russie, en Italie, etc. en sont la preuve. Les toxicomanes en sont l’avant-garde depuis les années 1970 avec leur cri « No future ». S’il n’y a pas d’avenir, si le passé attire par son appel, pas d’investissement possible envers l’autre, si ce n’est comme miroir, pour chercher le même. L’autre en tant que tel n’est plus investi, perd de sa valeur, peut être éliminé, d’où la violence à son zénith.

Références :

« La saturation du complexe fonde le sentiment maternel ; sa sublimation contribue au sentiment familial ; sa liquidation laisse des traces où on peut la reconnaître : c’est cette structure de l’imago qui reste à la base des progrès mentaux qui l’ont remaniée. S’il fallait définir la forme la plus abstraite où on la retrouve, nous la caractérisons ainsi : une assimilation parfaite de la totalité à l’être. Sous cette formule d’aspect un peu philosophique, on reconnaîtra ces nostalgies de l’humanité : mirage métaphysique de l’harmonie universelle, abîme mystique de la fusion affective, utopie sociale d’une tutelle totalitaire, toutes sorties de la hantise du paradis perdu d’avant la naissance et de la plus obscure aspiration à la mort. »

Complexes familiaux » de Jacques Lacan, après celle de L’Encyclopédie française, tome vii (mars 1938), a fait l’objet d’une première publication, en 1984, chez Navarin éditeur, puis a été repris dans les Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 23-84.

« Je serais plutôt porté à penser que le sexe et la mort sont solidaires, comme c’est prouvé
par ce que nous savons du fait que ce sont les corps qui se reproduisent sexuellement qui
sont sujets à la mort.
Mais c’est plutôt par le refoulement du non-rapport sexuel que le langage nie la mort. Le
réveil total qui consisterait à appréhender le sexe – ce qui est exclu – peut prendre, entre
autres formes, celle de la conséquence du sexe, c’est-à-dire la mort ».

J. Lacan dans  L’ Ane, 1981, n° 3, p. 3.