Dans sa dernière lettre, les « nouvelles scientifiques du Village des addictions », le Pr Michel Reynaud,, célèbre addictologue, se fait l’écho d’une publication neuro-scientifique. Il avoue : « la secrète tendresse [qu’il] éprouve pour les paradis artificiels de Baudelaire et ceux des souris ». Il s’agit d’un « modèle d’ingestion volontaire de pâte alimentaire au cannabis décrit dans Drug & Alcohol Dependence ». « Dans les études animales, le cannabis est le plus souvent administré par injection et on sait que dans ces conditions chez les animaux (le plus souvent des rongeurs) cela occasionne du stress, ayant un impact sur les comportements étudiés. De plus, les humains n’utilisent pas cette voie d’administration pour le cannabis, ce qui rend l’extrapolation des résultats obtenus à l’Homme beaucoup plus incertaine. » Du coup on a mélangé du cannabis avec des bonnes choses et on « observe » les rats. Résultat « prometteur » (!!!) selon l’étude : « Les résultats montrent que l’ingestion de THC chez les souris provoque une baisse de la locomotion, et une baisse de la température corporelle » Et l’on espère pouvoir « réduire le stress chez les animaux étudiés, et avoir accès à d’autres domaines de recherche concernant les effets du cannabis… » On appréciera l’envolée précisément scientifique et optimiste, indissociable du genre littérature neuro-marketing. Le Pr Reynaud se lâche, fend l’armure et n’hésite pas à commenter comme on aurait aimé le faire nous-même : « Attendons donc de voir ce que les rats vont écrire après l’ingestion de cannabis. » On applaudit des deux mains M. le Professeur !… On s’inquiète un peu ce sur ce qu’il prend, et l’on prend des paris sur la prochaine confidence : la Lettre du Village est-elle rédigée par des rongeurs dopés ??…