Au programme du Tya Envers de Paris, 10/12/2018 : 100% clinique !
Luis Francisco CAMARGO
Nous avons l’intention de présenter un cas où nous rencontrons des phénomènes psychotiques ordinaires de caractère secondaire par rapport à une idée primitive impossible à métaphoriser. Le caractère discret de ces phénomènes est dû à un auto-traitement de la jouissance opaque (féminine) par la toxicomanie et aussi par l’utilisation de médicaments psychotropes soutenus par le discours de la science.
Luis Francisco Camargo (Membre de l’École Brésilienne de Psychanalyse et de l’AMP – Professeur à l’ Universidade Federal do Espírito Santo (Brésil)
La colère : fixité et stabilisation., Éric COLAS
Dans son souvenir, ça a commencé par l’insulte. D’abord par le père, puis par la mère. Il devient ça, dit par eux et incarnera cette insulte.
À l’école, il ne réussit bien que l’année où il est éloigné de ses parents, de ses sœurs. Jeune homme, ses travaux universitaires ne sont jamais assez bons pour qu’il les fasse siens et obtienne le diplôme, ce qui ne l’empêche pas de travailler avec quelques uns des plus grands, malgré la difficulté et la fatigue harassantes. Ne pouvant suivre les bons conseils des chefs, il renonce, se bidouille un intitulé de poste et se lance tout seul. Mais ce n’est pas suffisant pour se maintenir dans le marché du travail. Les drogues n’empêcheront par l’effondrement. Alors il trouve refuge chez sa mère, le travail s’éloigne, l’alcool s’installe, la colère contre l’Autre reprend le dessus. Colère contre les faux-semblant de cette mère, contre le père qui a préféré fuir plutôt que d’affronter cette femme.
L’écriture s’impose depuis longtemps : ce qui lui passe par la tête, formuler, hurler, les mots écrits, qui se juxtaposent et seront recueillis dans le cloud : toujours avec lui. Enfin, il quitte sa mère, d’abord pour les Anonymes avec qui il se sèvre, puis un Centre Spécialisé. Il se pose, n’arrive pas à ré-intégrer le secteur marchant, montre ses anciennes réalisations, les nouvelles, ses bidouilles. La colère diminue, mais elle n’est jamais loin.
Quelle nouvelle place dans le monde ? Quelle stabilisation à partir de ces mots ?
Il reste ce vide en lui, où loge l’Autre dont il dénonce la tromperie. Il reste son manque de gravité, de pesanteur qui le laisse comme une bille de billard au prise avec le Réel.
Quelle est sa propre inertie ? Une inertie qui lui serait propre est-elle possible ? Par quelle voie ?