Lors de notre prochaine Conversation « Clinique et Addictions » du 21 mars 2016, nous aurons la chance d’accueillir Laure Naveau, psychanalyste à Paris, Analyste Membre de l’ECF pour une soirée spéciale « femmes et produits », à-partir de deux exposés cliniques :
Sabrina Belemkasser, psychologue clinicienne intervenant en service de gynécologie-obstétrique interviendra sous le titre : « Les garçons naissent dans le sevrage et les filles meurent dans les bouteilles » : l’addiction féminine à l’épreuve de la maternité :
Il s’agit d’une femme traversée par un écho de son existence dans la mort in utero de sa fille presque arrivée à terme. Elle se saisit, quoique difficilement, de l’offre de parole proposée à la maternité S’en suit un parcours de parole labyrinthique à deux avec sa psychologue, entre miroir et altérité. Les consommations varient au fil de l’idéal mis à mal par le réel de l’enfant qu’elle porte à nouveau dans son ventre. Réel tant bien que mal déterminé par celui, véritablement abandonnique, de la patiente. L’imaginaire de la sexuation, du sujet et de ses enfants, parvient-il, dans ce cas, à influer sur le destin implacable qui semble tenir les commandes ?
Mathilde Braun, psychologue clinicienne intervenant en service d’addictologie, membre de l’Envers de Paris et du groupe organisateur du TyA – Envers de Paris, interviendra sous le titre : « Toxicomane par procuration » à propos d’un sujet qui utilise les toxiques, mais pas pour elle : « Le médecin anesthésiste-réanimateur “pousse” les drogues, il injecte, il ranime. On/off. C’est au corps anesthésié ou au bord de la mort qu’il a affaire, un corps qui ne parle pas, et qui procure une jouissance certaine à ce jeune médecin… »
Pour participer, il est nécessaire de s’inscrire au préalable sur le site du TyA Envers de Paris : www.addicta.org
Il y a quelque chose de la haine des femmes dans le cas de Sabrina Belemkasser, avec une soeur, une mère et une fille mortes. Et une jumelle qu’elle dit phallique. Qui est surtout une jumelle vivante, et haïe. Me font penser à un jeune homme aux prises avec l’image infernale de son frère jumeau, qui s’impose à lui depuis toujours, ne lui laissant comme alternative que l’effacement le plus mortifié, derrière une timidité qui l’empoisonne, ou une excentricité bruyante et tapageuse qui, grâce à l’alcool, l’empoisonne autant.
Pour Gloria, « toxicomane par procuration » de Mathilde Braun, c’est en quelque sorte la « furor sanandi » retournée contre elle-même, avec son voeu de mort: elle shoote les patients pour tuer son propre désir. C’est un peu vite dit de cette façon, mais c’est ce que le cas m’évoque. Merci aux deux, et pour cette conversation en ligne.