Pierre Sidon
Lu – par exemple – dans Le Parisien du 4 novembre dernier : cette « mesure choc dévoilée ce jeudi matin » par la pourtant intelligente Valérie Pecresse, candidate Les Républicains aux élections régionales en Ile-de-France :
« La consommation de drogue a pour conséquence la démotivation, le décrochage et l’échec scolaire. Lutter contre l’usage de la drogue chez les mineurs c’est ma responsabilité de candidate», explique Valérie Pécresse. Si elle est élue présidente de région, elle proposera ce dispositif pour le moins détonant aux conseils d’administration des 470 lycées d’Ile-de-France. A charge pour ces derniers de voter pour donner – ou non- leur feu vert. Si le conseil est d’accord, les élèves n’auront pas le choix : ils devront se soumettre au test salivaire.
Questions :
- à quoi cela sert-il sachant déjà le taux considérable de jeunes fumeurs, fussent-ils occasionnels, de cannabis ?
- à quoi cela sert-il si la consommation de cannabis ne pose en réalité de problème que si elle cause… de vrais problèmes ?
- à quoi cela sert-il si le cannabis, comme on sait, permet à beaucoup de jeunes de soigner un malêtre sérieux ?
- à quoi cela sert-il quand la consommation d’alcool entre autres drogues, n’est pas, quant à elle – il n’en n’est pas question – dépistée ?
- à quoi cela sert-il si la crainte d’un dépistage positif accentue le décrochage scolaire contre lequel on est censé lutter ?
- à quoi cela sert-il alors qu’il est partout question de dépénalisation voire de légalisation car la guerre à la drogue est aussi une guerre… aux drogués ?
On n’est pas surpris qu’une candidate de la droite, ex-ministre de Nicolas Sarkozy en outre, se livre à une surenchère sécuritaire avec le FN. Le maître a montré la voie. Que celle-ci porte sur la prévention des conduites à risque, relève par contre bien plus d’une idéologie du type « care », maternante, chère à une certaine gauche moralisatrice. Où la course à l’échalote avec le FN cache un mano à mano avec une certaine gauche méprisante du peuple – qui aujourd’hui, depuis les 35 heures, le lui rend bien.
Là où l’on attendrait plus de responsabilisation des citoyens par la droite, il se confirme bien, qu’en France au-moins, celle-ni n’est libérale qu’en ce qui concerne les affaires, autoritaire quant aux individus. Pas mieux qu’à gauche, gauche libertaire exclue – mais celle-ci pèse-t-elle encore de quelque poids ?
Nous attendons des politiques qu’ils se rendent compétents quant aux moyens de permettre l’emploi, les transports, l’énergie et le logement… de refleurir dans notre pays. Et qu’ils cessent de se croire compétents en matière de bonheur. Les discours navrants de contre-vérités lus et entendus ces jours-ci sur le cannabis achèvent de discréditer une classe politique qui ignore qu’elle court désormais au-dessus du vide sans s’être aperçu des abîmes qui les attendent.
Nous n’avons pas plus besoin de nounous de gauche ou de pères-la-morale de droite… que du contraire.