Un article publié sur le blog Un monde 100 drogues de Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction et Pierre Chapard, président de Psychoactif, pose la question de la prohibition des nouvelles drogues (legal highs) à-partir d’un projet de loi de David Cameron.
Il s’agit ni plus ni moins, dans ce projet, d’interdire « toute [nouvelle] substance destinée à la consommation humaine » capable de produire un effet psychoactif. Cette mesure viendrait prendre le relais des prohibitions ciblées sur des molécules précises, dépassées par la vitesse d’innovation contournant les interdictions successives. Mais est-ce que l’absence de prohibition ralentirait l’innovation en la matière ? On ne constate pas cet effet, dans les domaines autorisés de la consommation. L’article relève que ce projet de loi tourne les talons à la visée politique établie depuis 2005 par Cameron. Il évoque aussi le « cynisme » d’un gouvernement incapable de « faire quelque chose » mais reproche en même temps à cette mesure de ne pouvoir avoir d’effet quantitativement prévisible significatif (12 décès par an). L’argument d’un frein à la recherche sur le cerveau est aussi invoqué, comparant la consommation du public à l’usage des chercheurs, et enfin l’on avertit des risques de montée en puissance du marché clandestin. En conclusion, l’article affirme que ce projet de législation « échoue à poser la question d’une régulation assumée » et fait résonner en harmonie le titre du blog : 100/sans.
Un État doit-il autoriser l’usage de substances sans promouvoir ni même garantir ce qu’il autorise ? Contrôler sans vérifier l’innocuité ? Prohiber sans favoriser le marché illégal ? Quel serait un chemin intermédiaire possible raisonnable au-delà des idéologies ? Y a-t-il encore ne serait-ce que la possibilité d’un tel État dans de telles conditions de production accélérée des plus-de-jouir par la technique ? Et ne peut-on apercevoir, dans les crispations prohibitionnistes qui se font jour, le signe du déclin d’un État paternaliste obsolète ? Ou faut-il, au contraire tenir bon face à des prétentions insensées du marché – au prétexte des dangers existants des drogues autorisées, notamment l’alcool ? Des questions aujourd’hui sans réponse claire, que cet article a le mérite de soulever alors que l’usage des cannabinoïdes synthétiques, par exemple, s’avère déjà très élevé chez les jeunes (selon l’édition 2012 de Monitoring the Future) en deuxième rang juste derrière la marijuana.