Stupéfiant, jubilatoire et magistral, l’article de Bernard-Henri Lévy dans La Règle du jeu :
« …La réalité c’est que, dans le christianisme, protestant comme catholique, l’argent est sale. Il est coupable. Il a affaire, non seulement avec le diable, mais avec le sexe identifié au diable et à ses engendrements monstrueux. Alors que, dans le judaïsme, il y a cette idée, même quand on est pauvre, qu’être riche n’est pas un crime, que l’argent n’est pas infâme, qu’il n’est pas recommandé d’être indigent pour accéder à la béatitude et qu’il n’est pas impossible d’être sage quand on est doté d’une fortune dans le monde d’ici-bas… »
« … il introduit, enfin, cette continuité entre toutes choses que Marx appellera, avec mépris, « équivalence générale » mais qui a le mérite de faire qu’aucune chose ne soit absolutisée, sacralisée, déifiée. Dans tous les cas, le désir est médié. Dans les trois cas, le désir est refroidi. Dans les trois cas, l’argent est une formidable machine à casser la tentation idolâtre qui est au cœur des humains… »
Mais une fois la dissolution de la chose, par l’argent opérée, comment éviter le fétichisme, l’idôlatrie ? Par les réalisations :
« …L’argent pour, une fois la nature désensorcelée, travailler à l’illuminer… »
Magistral. On reste bouche bée devant la virtuosité du danseur de la pensée, et devant un tel culot selon le tweet de Jacques-Alain Miller.
BHL par et avec Olivier Roller (Réponses Photo n°278, mai 2015)