Interjection. Introduit une phrase exclamative en exprimant, selon l’intonation, la joie, l’admiration, la surprise, etc. (source : Dictionnaire Larousse).
En matière d’addictions, l’on pense immédiatement au plaisir qu’on imagine chez celui qui réalise l’introduction par effraction d’un produit dans son corps, mais aussi bientôt, n’en doutons pas, comme un rat dans un laboratoire appuyant sur la pédale délivrant une stimulation placée à un endroit exquis du cerveau.
Mais est-on sûr que la jouissance ainsi permise soit du même ordre que celle qui affecte le corps parlant ? À constater combien les toxiques permettent cette sorte de diversion de la jouissance qui fait précisément problème à nos sujets, il convient de s’interroger : la décharge, notamment dans l’ordre de l’avoir, et en particulier la dépense inhérente à la plupart des pratiques addictives* n’est-elle pas une façon de vider ce trop plein, ce manque du manque qui, selon Lacan, qualifie l’angoisse ? La dimension autothérapeutique des toxicomanies y trouverait un de ses ressorts fondamentaux.
Éric Laurent pose aussi la question dans la revue de psychanalyse Quarto n°42, parue en 1990, (p. 32) en ces termes :
« Rien, dans la drogue, ne nous introduit à autre chose qu’à un mode de rupture avec la jouissance phallique. Ce n’est pas une formation de compromis, mais une formation de rupture (…) Et comment va-t-on déterminer, différentiellement, s’il s’agit d’un nouveau mode de jouissance, ou plutôt d’un trou de jouissance ? »
Dans ce cas, le « Ah… » de l’expérience signalerait, non pas le plaisir, encore moins la jouissance, au sens juridique du terme qui est celui employé par Lacan, mais bien son soulagement, au sens d’un vidage, jusqu’à la ruine, financière aussi bien que somatique, qui dessine l’horizon de la pulsion de mort au principe des destins de nos patients.
* Lire à ce propos la Conversation sur l’argent sur ce même site.