Elle a toujours pensé qu’il ferait « des conneries » ; il ne l’a pas déçue.
Quand il la visite à-partir du CTR, il boit à nouveau. Il dit : « – J’avais peur d’elle ».
Elle n’a pas non plus refait sa vie « à cause de » lui ; il ne l’a pas déçue non plus.
Quand il va chez elle, du CTR, il demande à « aller dormir avec ma mère ».
Elle le considérait, dit-il, « comme de la merde. » Et son père qui ne l’a pas reconnu…
Lorsqu’on le taquine au CTR, il menace de tuer l’autre et n’accepte aucune excuse.
Elle le reprend chez elle au moment où, du CTR, il s’apprêtait à entrer dans un foyer et travailler dans un ESAT. Elle le remet à la porte trois ans plus tard, à nouveau fortement dépendant des drogues.
Il a tant grossi au CTR qu’elle lui demande de maigrir. Il revient cadavérique trois ans plus tard. On constate alors qu’il consomme plusieurs oeufs par jours : « – Elle m’a demandé de grossir ».
Il s’occupe enfin de son hépatite et refait des projets d’indépendance. Il pense moins à sa mère.
Lorsqu’il refait un projet de sortie, il ne l’oublie pas pour autant. Il dit : « – Ce n’est pas pour aller voir ma mère ».
La dénégation n’est pas l’apanage des formes de structuration clinique dites névrotiques, avec un complexe d’Oedipe inconscient. Elle est constitutive, dit Freud, de la pensée en tant que telle. Elle y témoigne de la pensée qui se déroule « sur une Autre scène » : l’Inconscient. Que le sujet puisse s’y reconnaître, ou pas, est une autre question. Celle-ci relève des modalités de la prise de chacun dans le discours de l’Autre qui le conditionne. Cette prise est-elle suffisamment multiple et variée pour permettre au sujet la mobilité des points de vue sur son être à même de lui permettre de s’en dégager ou bien y a-t-il, au contraire comme ici, prise unique comme objet du fantasme de la mère ? Dans ce cas, il n’y pas de possibilité de dégagement relatif de l’aliénation mais, tel Sisyphe, il faut aider le sujet sans cesse à se dégager à toute force du retour mortel au sein originel. Pour cela, il faut s’appuyer avec sérieux, à la place du sujet – non advenu comme tel -, sur son inconscient rejeté par lui mais qui affleure néanmoins dans son discours.