Bienvenue en éductologie

Pierre Sidon

En Novembre 2017 auront lieu les prochaines journées de l’École de la Cause freudienne dont le thème est : « Apprendre : désir ou dressage. »

Dans notre discipline, l’addictologie, on assiste aux première loges au triomphe de l’« éducatif » : éducatif par la catégorie professionnelle majoritairement représentée dans le champ institutionnel, éducatif dans l​es méthodes​ ​pour « motiver » aux soins, éducatif dans la thérapeutique ​même -​ cognitive-comportementale, ​addictologique et psychiatrique, éducatif dans l’encadrement infirmier par l’ « éducation à la thérapeutique », éducatif dans une littérature ​grand public qui a contribué à populariser ces méthodes et éducatif dans la prévention. ​Néanmoins, cette orientation vers un « plus de pédagogie »​,​ reprise même par les politiques face ​à​ ​des symptôme sociaux et individuels ​rétifs, touche parfois à ses limites. ​Même si l’université professe ​l’ataraxie​, y-compris dans l’amour​.

​Mais chaque geste du quotidien est accompagné d’un commentaire culpabilisant bombardant le sujet contemporain de consignes injonctives contraires prônant la consommation… et sa modération tout à la fois. Cette prévention peine donc depuis des décennies. Est-ce parce qu’elle met plus​ l’accent que sur la consommation​ que​ ​sur ​ce qu’elle vient traiter
​ ? N’y a-t-il pas aussi un risque d’encourager une transgression plus ou moins ordalique​ ?​
​Alors faut-il continuer en fais​ant plus ​: plus du même ?

Sans parler du fait que​ ces injonctions privent aussi les professionnels de l’usage de leur parole singulière, s’y substituant comme les envahisseurs de la célèbre série télévisée, robotisation en plus.

​N’exige-t-on​ pas,​ de plus en plus​ des « opérateurs de prévention », qu’ils diffusent auprès des jeunes ces messages standardisés aux dépens de leurs interventions traditionnelles vivantes, adaptatives et nuancées ​? Dans ces conditions, comment nouer un transfert​ particularisé​ ?
C’est ce que nous étudierons cette année à-travers travaux théoriques et cliniques, toujours sous la forme animée et participative des Conversations.​

Addictions et psychoses ordinaires

Stéphanie Lavigne

Nos conversations cliniques et théoriques s’orienteront également cette année en lien avec le congrès de L’AMP : « les psychoses ordinaires et les autres sous transfert ». C’est ainsi que nous porterons une attention particulière aux psychoses ordinaires.

Nous avons souvent débattu du diagnostic : y a t’il un symptôme déchiffrable ? Le phallus circule-t’il dans le discours du sujet ? Ou encore : le déclenchement est-il évident, tel que lors d’un délire, ou de la présence d’hallucinations ? Nous nous sommes appuyés sur la clinique et sur les concepts dont le pivot est le Nom-du-Père, car il est vrai que nombreux de nos patients présentent des psychoses « extraordinaires », où d’ailleurs le cas du Président Schreber reste une référence incontournable. Néanmoins, nous nous sommes également penchés sur des cas cliniques dans lesquels n’apparaissaient pas de phénomènes élémentaires évidents, tel que les décrit Lacan dans son texte : « Propos sur la causalité psychique »(1). Avec la notion de psychose ordinaire, nous partirons de la clinique borroméenne, continuiste, qui a fait dire à Jacques Lacan : « tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant » (2).  De l’extraordinaire du déclenchement, nous nous arrêterons sur ces débranchements de L’Autre, qui ne sont pas sans effets pour le sujet.

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(1) Lacan J., Ecrits , 1966, p. 151.

(2) Lacan J., « Journal d’Ornicar ? », Ornicar ?, n°17-18, 1979, p. 278.

Programme : les Conversations auront lieu aux dates suivantes :

26/09/17 – 28/11/17-  19/12/17 – 23/01/18 – 13/02/18 – 27/03/18 – 10/04/18 – 29/05/18 – 26/06/18