Détail de la fresque du Jugement dernier, Camposanto Monumentale, Pise : jeune fille sauvée des enfers par un ange.

Au programme du TyA-Envers de Paris ce mois-ci, de la clinique et encore de la clinique. Alberto Murta, professeur de psychologie et de psychopathologie à Victoria au Brésil, membre de l’AMP et de l’EBP et Clément Fromentin, psychiatre à Paris, tous deux psychanalystes, nous feront l’honneur de nous présenter deux cas de leur pratique. Il s’agira, dans ces deux cas, de comprendre la place d’un psychanalyste dans l’accompagnement de ces deux sujets consommateurs, deux femmes, aux prises avec des toxiques. Mais pas que des toxiques. En quoi la psychanalyse permet-elle de saisir l’enjeu réel, pour ces sujets, au-delà des produits ? Et en quoi la spécificité de l’approche psychanalytique a-t-elle constitué un élément déterminant dans leur stabilisation ? Nous le saurons le 22 mai prochain au TyA-Envers de Paris. Inscrivez-vous pour participer et recevoir les textes cliniques de la Conversation ! 

Alberto Murta nous explique : « Le sujet en question est venu me consulter dès le début de 2015. Elle sortait d’une clinique de santé mentale. Journaliste, elle occupait une place très importante comme rédacteur en chef d’une TV locale. Mais son monde s’écroulait. La consommation de crack était devenue pour elle impérieuse. Après le cannabis, le crack avait achevé sa descente aux enfers. Le lien avec sa partenaire amoureuse était rompu, et presque celui avec sa propre vie, à cause d’une tentative de suicide. L’issue de cette descente fut son internement dont sa sœur et sa mère furent responsables. Selon M, elles “m’ont jetée là et ne venaient me rendre visite que tous les deux mois”. Au cours de son traitement elle s’est adressée à moi avec une certaine confiance : je suis devenu le responsable qui l’empêche  « d’être jetée dans la clinique ». Elle prend des médicaments. J’occupe une certaine fonction et mon lien avec elle me permet, de temps à temps, de faire des interventions concernant son mode de vie. »

Quant au cas de Clément Fromentin : cette femme est-elle seulement alcoolique ? Certes elle s’alcoolise. Et pas qu’un peu. On l’aurait même qualifiée de dipsomaniaque dans la clinique de jadis, évoque Clément Fromentin. Pourtant, l’adjectif qui exprime le « besoin permanent » d’ingérer de l’alcool ne s’applique que par moments chez elle. Aussi bien constate-t-on un début net à son alcoolisme. Pour le reste, ce n’est pas d’alcool dont il s’agit, mais d’amour et de jouissance. Addiction au sexe ? À l’amour ? Ou tout simplement l’absence de choix chez ce sujet réduit à s’abolir comme sujet dans la rencontre avec l’Homme ? Elle choisira l’analyse pour en savoir quelque chose. Avec pour résultat une distance prise par rapport aux dommages. La vraie Réduction des Risques et Dommages, n’est-elle pas à mettre au compte de la psychanalyse ? À condition de savoir ce que l’on fait en s’engageant, avec de tels sujets, dans l’aventure : ne pas reculer devant la psychose (Lacan) ? Voilà, entre autres choses, ce que nous aurons à coeur de discuter ensemble lundi 22 mai prochain. Pierre Sidon