24 avril 2017

Quels liens indissociables entretiennent passions, violence et addictions? Sont-ce des symptômes personnels ou sociaux ? Ou les deux et dans quels cas ? Clinique et politique ce mois-ci au programme du TyA – Envers de Paris !

Aurélie Charpentier-Libert : le rejet de la violence à l’adolescence.

Il n’est pas rare que les patients étiquetés « addict », ne soient pas les bienvenus dans certains services de psychiatries publiques en raison de l’indicible jouissance, à certains insupportable, qu’ils affichent. Il peut paraître plus surprenant de voir certains adolescents, parmi les plus mal lotis, soumis à la même réserve hospitalière.

Parmi ces jeunes gens adressés en pédopsychiatrie, se trouve une large catégorie épinglée par son comportement plus que par sa souffrance : les adolescents violents. Les troubles du comportement alliés à l’errance diagnostique les font passer pour des inclassables et donc des « inclassés », avec son cortège de rejet.

Cette violence vient souvent à la place de ce qui pourrait se formuler d’une adresse à l’autre. Laissant le choix aux adultes de répondre par un rappel toujours inutile des interdits ou bien de répondre depuis une orientation analytique décidée.

Ainsi, nous reprendrons la question posée par J.A Miller[i] à savoir si la violence de l’enfant, en l’occurrence du grand enfant, relève du symptôme ? Ou, comment donner la parole à ceux qui a priori ne la veulent pas ? Enfin quel symptôme de l’institution ces jeunes gens révèlent malgré eux ?

[i] J.A.Miller, discours sur l’enfant violent, Journée de l’Institut de l’enfant,  inédit, mars 2016.

Elisabetta Milan-Fournier : « je fais l’amour avec « ma » haine ».

Dylan, la trentaine, consulte parce qu’il est obsédé par l’angoisse de mourir bientôt et de laisser ainsi seul son petit garçon. Ancien addict au cannabis, il dit avoir arrêté brusquement toute consommation de ce produit suite à une série de bad trips qui l’ont confronté à une expérience très angoissante de morcellement corporel, alors qu’il en était très dépendant.

Dylan dit avoir trouvé d’abord dans l’amour pour une femme et l’écriture de textes un dérivatif efficace à sa colère, omniprésente surtout depuis son adolescence. L’écriture et la mise en musique de ses poèmes lui permettaient d’éructer sa rage, seulement corsetée par un travail sur la langue non dépourvu d’un goût des mots. « Je fais l’amour avec la haine » s’écrie-t-il. Pas de pensée politique construite mais une haine du système auquel lui-même participe.

Devenu père, sa « passion » se porte sur son fils. Il ne fume toujours pas mais il n’écrit non plus… Envahi par son angoisse il a choisi cette fois-ci de venir en parler à une psychanalyste et ensemble nous reconstruisons son histoire.