« Un deux trois quatre… six fausses couches avant que ne survienne la fausse couche de mon frère jumeau. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne sais pas. En tout cas, je n’ai pas de frère ni de soeur. Mais je n’ai appris que par hasard, à 15 ans, l’existence de ce jumeau en tombant sur son acte de naissance. Et je suis littéralement tombé, à la renverse : j’ai fracassé le carrelage avec ma tête en m’évanouissant. J’ai la maladie des émotions – petit j’étais toujours seul et triste – alors depuis que j’ai découvert l’euphorie des drogues – et je suis de plus en plus dépendant – je m’anesthésie. Quelles émotions ? Que j’en vaux pas la peine, que je suis pas intéressant, que je mérite pas l’amour… Non, je ne l’ai jamais connu en effet. Et puis parce que j’ai fait mon coming out il y a deux mois (une idée de ma psychologue), mes parents m’ont renié : une catastrophe. Ma mère qualifie mon homosexualité de « merde » et je me vois maintenant comme un rat, dans un camp de concentration. Si je la crois ? Son amour est important. Mais c’est mon père qui s’est occupé de moi, qui me changeait mes couches : j’avais un amour très fusionnel avec lui. Même si après ça il m’a dit : « je vais t’enlever de l’État Civil ». Mon médecin est plus intelligent que ma psychologue : il me dit que je me suicide inconsciemment. »

Faute d’avoir un inconscient, il a recours aux drogues pour ne pas penser ce qu’il est : difficile survivant d’une série de fausses couches.