Il prévoit de mettre en place nombre de dispositifs pour encadrer et animer son existence une fois arrivé aux ATR (Appartements Thérapeutiques Relais). Il sait qu’il sera alors seul la plupart du temps, sans encadrement ni même aucune présence auprès de lui. Lever, courses, cuisine, café, sieste… Son emploi du temps rivalise déjà avec celui d’un ministre à l’approche de sa sortie du CTR (Centre Thérapeutique Résidentiel).
Il se demande aussi qui il sera lorsqu’il sera dans cet appartement dont le voisinage sait que c’est un ATR : « – Est-ce que l’on est considérés comme des addicts ? » Or il n’est plus celui là, dit-il, depuis ses longs mois de séjour au CTR. Mais, contrairement au vulgum pecus, lui sait bien, de l’avoir refusé, qu’il est un être socialement construit. À la place, il est seulement cet objet dénudé non recouvert par l’idéal, qu’il avait fini par incarner dans une déchéance physique et sociale : junk.
Il se protège désormais de ce trou noir de l’être qui menace d’aspirer à-nouveau son existence. L’institution est là qui soutient ses solutions et constructions, fragiles non pas d’être factices – car celles de monsieur tout le monde ne le sont pas moins -, mais bien d’être seulement conscientes, actives et délibérées et non pas inconscientes et profondément enracinées pour ce sujet. Peut-on donc le qualifier de « non-dupe », en référence au retentissant titre du séminaire de Lacan : Les non-dupes errent ? Notre sujet, en tout cas, semble agir comme s’il le savait. Et il peut désormais s’en prémunir.